samedi 30 juin 2012

24 heures du Mans roller 2012

Si d'une année sur l'autre l'organisation est sensiblement la même, il en va différemment des moments passés au cours de ces deux jours. Emmener une trentaine de personnes vivre cette aventure et faire en sorte que tout se passe au mieux n'est pas une mince affaire. Heureusement les anciens sont toujours disponibles pour répondre aux questions et rassurer les inquiétudes qui ne manquent pas de naître chez ceux ou celles pour lesquels il s'agit de la première participation.

Des semaines, voire des mois plus tôt il aura fallu convaincre les personnes indécises de sauter le pas. Ce n'est pas toujours évident car nous sommes à peine à la moitié de la saison sportive et beaucoup encore ne se sentent pas forcément prêts. On peut les comprendre, mais il ne faut pas non plus sous estimer le potentiel de progression de chacun et relativiser la difficulté de l'épreuve, qui en est certainement une, mais pas insurmontable.

Vient donc le moment de décider du nombre d'équipes à inscrire. Il sera nécessaire de procéder à plusieurs sondages pour s'assurer que les candidats seront bien disponibles aux dates fixées. Le fait de devoir s'absenter pendant deux jours est un obstacle supplémentaire qui peut poser des problèmes au niveau de l'environnement familial : enfants à gérer, événements familiaux du genre mariage, communion…

C'est à ce moment là en général que ceux qui n'ont encore jamais participé et qui hésitent mettent en avant l'argument du boulet : "je ne veux pas venir car je ne veux pas être le boulet, je n'ai pas envie de ralentir les autres…". Tous les ans ce sont les mêmes remarques et tous les ans nous apportons la même réponse qui met fin à ce type d'argument. Nous inscrivons plusieurs équipes, ce qui nous permet de constituer des équipes de plusieurs niveaux.

Effectivement nous avons une équipe qui court pour la performance et qui roulera le plus vite possible. Mais nous inscrivons aussi une équipe qui intègrera des coéquipiers qui souhaitent rouler aussi à un bon rythme. Enfin nous inscrivons une équipe pour les personnes qui roulent moins vite et qui n'ont pas envie de subir la pression des autres. Chacun y va à son rythme. Nous demandons seulement à chacun de participer à l'épreuve jusqu'au bout en respectant l'esprit d'équipe, en rappelant que l'abandon en cours d'épreuve des uns reporte la difficulté de la course sur un nombre restreint de personnes.

Une fois les équipes constituées encore faut-il les inscrire. Il faut réclamer un certain nombre de documents (copie de carte d'identité, de carte vitale, de certificat médical ou de licence, coordonnées personnelles, taille de t-shirt…). Cela peut paraître simple et en fait ça l'est complètement ! La difficulté vient seulement de la lenteur et de la légèreté avec laquelle ces données nous seront communiquées (cartes d'identité périmées, copie recto mais pas verso, changement d'adresse non fait…). En général les derniers éléments arrivent juste à la date limite. Pourquoi essayer de faire les choses plus tôt ?

Il faudra aussi gérer les abandons de dernière minute pour blessure, événement imprévu… Heureusement qu'à l'inverse des vocations naissent tardivement pour remplacer ceux qui nous font faux bond, ou que nous pouvons faire appel à des candidats extérieurs au club pour compléter les équipes.

Les inscriptions enfin enregistrées, le plus dur est fait. Enfin presque car il faudra résoudre alors le problème du transport. La mairie nous prête deux minibus pouvant transporter neuf personnes, mais nous sommes 30 et nous emmenons autant de paires de rollers, de casques et protections, de fauteuils, tentes, matelas et sacs de couchage, d'affaires de toilette, de boissons et de nourriture pour deux jours !

Cette année Armindo est venu avec une camionnette dans laquelle nous avons pu loger trois personnes et la plus grande partie de notre barda, Franck-Olivier avait son monospace pour sept, Pascaline emmenait sa famille, Didier nous rejoindrait plus tard et nous devions retrouver sur place Nathalie, Eric, Durel, Joël et Freddy !

L'heure et le lieu de rendez-vous avaient été communiqués à chacun, ainsi qu'une liste des choses à emporter. Il ne restait plus qu'à préparer son sac de voyage, préparer sa salade de pâtes et régler son réveil !

Le lendemain matin, à peine réveillé, on a juste le temps de se précipiter sous la douche, d'avaler son petit déjeuner et de se rendre au point de rendez-vous avec toutes ses affaires. Quelques personnes sont déjà là à croire qu'elles y ont passé la nuit ou bien qu'elles n'ont pas fermé l'oeil de la nuit à cause de l'énervement ou de l'angoisse !

Ce sont les grandes retrouvailles, comme si on ne s'était pas vu depuis des années. Les visages sont encore endormis mais la bonne humeur est déjà là. Cette année encore la météo est avec nous et à part une averse prévue en début d'après-midi, elles devrait se maintenir au beau pendant deux jours ! Etant donné le printemps pluvieux et le début d'été catastrophique que nous avons connu, on peut s'estimer plutôt chanceux !

On se compte, on se recompte, on charge les affaires et on se répartit dans les véhicules pour partir au signal donné. Le convoi s'ébranle tout doucement et ne s'arrêtera qu'après le péage au Mans, arrêt pipi oblige. Pendant le trajet certains en profiteront pour terminer leur nuit pendant que d'autres discuteront de façon animée.

Arrivés à destination il faut maintenant décharger le matériel et l'acheminer jusqu'à l'entrée des paddocks. Nous avons prévu d'emmener des diables afin de faciliter le transport car le chemin à parcourir est long ! C'est aussi le moment d'aller récupérer les dossards, les puces électroniques, mais aussi et surtout donner tous les éléments si durement collectés. Les organisateurs ne laissent rien au hasard et vérifient tout méticuleusement. J'avais pris la peine de vérifier et vérifier encore et encore pour être sûr de ne rien avoir oublié !

L'accès aux paddocks ne se fait qu'à partir de 13h00, heure à laquelle reviennent ceux qui ont participé à la balade. Cette année Pascaline avait décidé de le faire avec ses enfants. La balade est aussi un moyen de procéder à la reconnaissance du circuit et de mieux en appréhender les difficultés. Ceux qui ne souhaitent pas rouler peuvent se reposer, commencer à déjeuner ou se promener dans le village composé de tentes dans lesquelles se vendent tout ce qu'il faut pour faire du roller.

Lorsque les portes d'accès aux paddock s'ouvrent enfin, c'est la ruée ! Il faut se précipiter pour prendre les meilleures places. En ce qui nous concerne, nous visons celles le long du grillage afin de pouvoir y accrocher les diables qui se transforment alors en étagères lesquelles nous entasserons les sacs de couchage, et autres tentes. L'espace est réduit dans les paddocks et il faut optimiser le rangement. Nos années de pratique nous sont très utiles dans ce cas là !

Nous empiétons même sur l'extérieur puisque cette année nous avons pu utiliser notre barnum de trois mètres sur trois, maintenu au sol par quatre pieds en béton qu'il aura fallu acheminer jusque là. Nous avions aussi cette année un vélo pour faire des allers et retours plus rapides jusqu'aux véhicules garés à l'extérieur ! On n'arrête pas le progrès. Du côté de l'équipement, nous avions 3 tables de camping dont deux sur lesquelles étaient posées les cafetière, bouilloire, théière. Remercions Pascaline qui nous avait équipé en électro-ménager et Chantal qui nous avait approvisionnés en café! C'est important car comment imaginer de rechausser les rolliers à 7h00 du matin, après une nuit courte et pas forcément reposante, sans avoir pris un petit café bien chaud ?

Enfin il faut aussi penser à reprendre des forces tout en se faisant plaisir. Cette année encore nous avons pu bénéficier du soutien à distance de l'épouse de Pierre et de ses fameux cookies et de celle d'Olivier avec ses pâtisseries variées : gâteau aux carambars, gâteaux aux abricots et si je ne me trompe pas il y en avait un troisième au chocolat !

Une fois installés, il reste tout de même pour chaque équipe à désigner la personne qui se chargera de qualifier son équipe, celle qui prendra le départ, déterminer l'ordre de passage et régler les détails pour la nuit.

La qualification sert à positionner sur la grille de départ celui qui aura été désigné pour prendra le départ. C'est une course sur plusieurs centaines de mètres, avec un départ arrêté. Une dizaine de concurrents s'élancent en même temps et il s'agit de rouer le plus vite possible pour parcourir la distance en un minimum de temps. Le temps réalisé déterminera ensuite la position sur la grille de départ. Il faut ménager son effort de manière à ne pas s'effondrer avant l'arrivée ! Le circuit monte légèrement et en plus il y avait beaucoup de vent cette année.

Cette formalité accomplie a le mérite de fixer une position qui évoluera pendant la course et qui servira de point de repère. Chacun y va de son commentaire quant aux possibilités de progression qu'aura chaque équipe.

Vient ensuite le moment du départ. Il est donné selon le traditionnel départ des courses de voitures, à savoir les rollers d'un côté de la piste et les coureurs pieds nus de l'autre côté. Ceux qui ne prennent pas le départ ont rejoint les tribunes qui sont à ce moment là complètement remplies ! L'excitation est à son comble, les hauts parleurs diffusent de la musique sensée mettre un peu plus de pression et rendre ce moment encore plus grandiose, et le décompte peut commencer.

A 16h00 pile les concurrents s'élancent sous les sirènes, les cris et les encouragements de leurs supporteurs. Ils chaussent leurs rollers et s'élancent pour accomplir les premiers tours. Si certains sont capables de démarrer en moins d'une minute, pour d'autres ça sera plus long et c'est tout juste si les plus rapides achèvent leur premier tour alors que les plus lents se sont à peine élancés !

Après le passage du premier tour il est temps de retourner au paddock et le coéquipier devant prendre le relais doit déjà se préparer à prendre la suite. Pour les équipes d'Ozoir, selon les capacités de chacun, il peut se passer entre neuf et vingt minutes entre deux relais. A noter que cette année le record du tour était de 5'51" pour un tour de circuit qui fait 4,2 km. Autrement dit, l'élite du roller met presque une minute dans la vue au kilomètre aux plus rapides d'entre nous… C'est énorme !

Et ce que nous attendions et redoutions le plus finit par arriver ! Entre le deuxième et le troisième tour une énorme averse vient rincer le circuit. Elle ne durera pas longtemps mais déversera des trombes d'eau sur le circuit le rendant très glissant, surtout pour les roues les plus dures. Dans la montée vers la roue Dunlop les poussées ne doivent pas être trop prononcées au risque de faire un grand écart facial auquel nous ne sommes pas forcément prêts ! Il n'empêche que l'on sent les roues déraper en fin de poussée et que l'équilibre s'en retrouve plutôt mal assuré. Le freinage dans la descente s'annonce complètement inopérant. Il permet seulement de ne pas prendre de vitesse mais ne permet pas de ralentir pour deux sous. Les deux virages en bas des premières descentes se feront à la limite du dérapage incontrôlé ! Pas de chute à ce moment là en ce qui nous concerne mais de belles frayeurs tout de même. Heureusement l'averse aura été de courte durée et le vent qui souffle très fort aura vite fait de sécher la piste. Les tours suivants s'effectueront dans de bien meilleurs conditions !

Ensuite tout se passe très vite. Les relais s'enchainent toutes les 90 minutes environ, voire un peu plus pour l'équipe la moins rapide, laissant tout de même le temps de déchausser ses rollers, de faire sécher son t-shirt, de boire et manger un peu, de se reposer, de discuter ou de jeter un coup d'oeil au tableau d'affichage qui indique le nombre de tours effectués par chaque équipe et qui donne son classement en temps réel. Il y a tout de même 620 dossards cette année !

Le retour de coéquipiers entraine les mêmes gestes d'un tour à l'autre : on décroche la puce et on la passe au suivant qui s'équipe et va rejoindre sa zone moquette en attendant d prendre le relais. Il faut quelques instants avant d'avoir repris son souffle. On boit un peu, on se change, on grignote et on raconte ses exploits : les difficultés dans la montée, comment on a pris la descente, comment on s'est accroché à un train, comment on a souffert du vent en fin de parcours…

Puis vient le moment de passer la nuit. On divise les équipes en deux parties. Pendant que la moitié ira dormir, l'autre moitié continuera à tourner, en enchainant des relais deux fois plus souvent. C'est le moment où la nuit est la plus fraîche. Cette année elle sera particulièrement froide. Attendre en t-shirt en plein vent sur la zone moquette alors qu'il fait nuit et que la fatigue se fait sentir est un véritable supplice ! La délivrance vient au moment où l'on s'élance à nouveau et que l'on se réchauffe en roulant. La cadence empêche de se déchausser entre deux tours et on a juste le temps de reprendre des forces et de faire attention à ne pas trop se refroidir.

Pour ceux qui s'arrêtent il n'y a pas de temps à perdre. Il faut récupérer ses affaires de toilette, se précipiter vers la douche et aller au plus vite se coucher car la nuit ne durera en tout et pour tout que quatre heures ! Compte tenu du temps passé sous la douche et celui consacré le matin à se remettre sur pieds, ou plutôt sur rollers, petit déjeuner compris, en fait on n peu dormir que 3 heures, à condition de pouvoir s'endormir rapidement. Ceci explique les coups de barre ou les coups de mou qu'on connaîtra en cours de journée, après avoir mangé, ou lorsque le soleil commencera à nous réchauffer. Dans ces moment là on pourra voir les gens s'endormir n'importe où, n'importe quand, n'importe comment, à n'importe quel endroit !

C'est en roulant à trois heures du matin ou en chaussant ses rollers à quatre heures du matin qu'on se posera à un moment ou à un autre la question de savoir ce qu'on fait là ! C'est un peu la folie ou la magie de cet instant qu'on partage tous ensemble et que chacun vit à sa façon.

Si du côté de la météo nous avons connu probablement la pire des années, cette année aura été plus confortable que les années précédentes. En effet il restait sur le site un certain nombre de tentes si grandes que nous avons pu y installer les nôtres pour être à l'abri, et plutôt éloignés de l'agitation et du remue-ménage permanent des paddocks.

Parmi les anecdotes que j'aurai relevées, la plus mémorable pour moi sera les deux tours effectués par Patricia P. alors que c'était sa première participation aux 24 heures et son premier tour de circuit ! Elle avait participé le week-end précédent à la sortie autour des lacs de la forêt d'Orient, du côté de Troyes et aura finalement bien supporté cette rude épreuve ! Thierry aura le droit aussi de faire deux tours et Freddy a eu chaud ! Olivier aura eu moins de chance en tombant et en s'ouvrant l'arcade sourcilière avec ses lunettes. Au total quelques petits égratignures et quelques strips pour maintenir la plaie plus ou moins fermée.

N'oublions pas de remercier Franck, le mari de Pascaline qui aura passé son week-end à nous encourager et à nous prendre tous en photos ! Espérons que Maximilien et Coralie auront passé un bon week-end et qu'ils rêvent encore d'avoir l'âge minimum pour participer. Après Arthur il y a deux ans, c'était au tour de Marc de tenir le rôle du "mineur" parmi les inscrits. Les enfants mineurs (je ne sais plus si c'est 14 ou 16 ans) peuvent participer mais n'ont pas le droit de rouler entre 22h00 et 6h00 du matin ! Y en aura-t-il l'année prochaine ?

Il faudra parfois plusieurs jours pour revenir sur terre, pour non pas oublier, mais se détacher un peu de ce moment fort en émotions et intense d'un point de vue sportif, qui aura focalisé notre attention et notre énergie. On sera fier d'avoir réalisé un exploit personnel. On se sera prouvé qu'on était capable de le faire et on sera allé jusqu'au bout, soutenus et encouragés par ses coéquipiers.

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